LA VANITÉ DANS LA BIBLE: RÉFLEXION SUR LE PROBLÈME DU BONHEUR

LA SOURCE:

Le terme de « vanité » vient du livre poétique de l’Ancien Testament : l’Ecclésiaste 1.2 :  « vanité des vanités, tout est vanité ». C’est un texte pessimiste contant l’histoire d’un personnage qui se présente comme le roi d’Israël. Ayant accumulé tous les plaisirs du monde, il se rend compte que « rien n’est stable sous le soleil ». Il y a dans ce texte une attention importante portée au  passage du temps et au caractère éphémère et impermanent de la vie : c’est une dévalorisation de celle-ci. La mort est un moment crucial. « Souvient-toi que tu vas mourir « : Memento Mori, il faut se souvenir.

LE PROBLÈME DU BONHEUR:

Il nous convient de relever l’importance de la théologie morale chrétienne fixée au sein de l’Eglise catholique qui ,en plus d’instiguer la bonne conduite à adopter en tant que chrétien à la manière du Décalogue, pose la question de la recherche du bonheur inhérente à la condition humaine et à l’idée de vanité.

Saint Augustin dans sa prédication de jeunesse propose un commentaire sur le Sermon sur la montagne (discours de Jésus relaté dans l’évangile de saint Matthieu faisant office de Loi nouvelle) dans lequel est relevée une réflexion théologique très importante « élaborant une première organisation d’ensemble de la morale chrétienne à partir du texte évangélique » comme l’écrit le professeur Servais Pinckaers dans son article « Le commentaire du Sermon sur la montagne par saint Augustin et la morale de saint Thomas« . Il s’agit d’un enseignement des bonnes mœurs chrétiennes répondant au problème du bonheur et de la voie chrétienne pour l’atteindre. Ce thème du bonheur est notamment repris des huit Béatitudes de saint Ambroise et sera développé de façon bien plus importante par saint Thomas dans son ouvrage, La Somme. Pour lui, les actes intérieurs de l’homme régissent les actes extérieurs c’est pour cela qu’ils doivent être vertueux et donc commandés par la Charité.

Augustin va expliquer ces Béatitudes. Elles sont perçues, comme il le relate dans son récit, Les Confessions, comme les sept étapes nécessaires à l’élévation de l’esprit, c’est à dire « l’humilité, la douceur, la force, la justice, la miséricorde, la pureté de cœur, qui conduisent à la sagesse comme à la vertu suprême ». Son enseignement doit donc être interprété d’après ces Béatitudes, qui répondent à la question morale et philosophique du bonheur. Saint Thomas les perçoit d’une façon sensiblement différente: il réduit les propositions à trois formes de béatitudes: la vie voluptueuse à écarter par la vie active, et la vie contemplative. C’est une réponse à la question du bonheur plus généralement donnée par les philosophes et les Hommes en général.

Toutes ces réflexions montrent l’aversion chrétienne pour la vanité de l’homme notamment abordée par Blaise Pascal dans ses Pensées. De plus, Montaigne dans le chapitre III, 9 de ses Essais, « De la vanité », ne s’appuie pas sur l’Ecclésiaste, mais tend à dépasser « l’interprétation théologico-morale figée notamment par saint Augustin » comme l’explique Frank Lestringant dans son article sur le sujet. Nous reviendrons sur ce sujet ultérieurement car il dépasse le cadre religieux fixé ici.

Blandine C.

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